Société de Logistique et de colonisation spaciale / SLCS

“On ne choisit pas Grim Hex. On y échoue, on y survit, et parfois, on y prospère.”

C’est dans les coursives humides et les couloirs saturés d’ozone de cette station que la Société de Logistique et de Colonisation Spatiale, la S.L.C.S., vit le jour. À l’époque, ce n’était rien d’autre qu’une bande désorganisée, un convoi de fortune mené par un homme obsédé par les flux de cargaison plus que par les idéaux. Chronaque Wolfgang, ancien fonctionnaire fiscal, avait compris que dans un univers gouverné par la loi martiale ou le chaos, il restait une constante : la demande. Là où d’autres voyaient des ruines, lui voyait des marchés mal desservis.

Les premiers mois furent sanglants. La S.L.C.S. se heurta à la Disorder, une corpo pirate déjà bien implantée sur Hex. S’ensuivit une série de raids, d’escarmouches dans les anneaux proches de Yela, et de sabotages dans les hangars. Les vaisseaux de transport furent blindés, escortés, armés. Les Caterpillar servaient aussi de bunkers volants, et chaque vol devenait une épreuve. Wolfgang répondit à la violence par la logistique. Plus les pertes montaient, plus les flux étaient optimisés. Quand les hangars criblés de tirs furent vidés, la Disorder comprit qu’elle n’affrontait pas des trafiquants, mais une entité capable d’absorber les coups sans ralentir sa cadence. La victoire ne fut pas brutale, elle fut comptable.

L’alliance avec la Mammon, une autre faction pirate de Grim Hex, marqua le premier grand tournant. Wolfgang n’avait jamais prétendu être loyal à autre chose qu’au bilan de fin d’année. La Mammon voulait des routes d’évacuation pour leur butin ; la S.L.C.S. voulait des boucliers supplémentaires contre les raids de la Disorder. Un échange de services naquit, habillé d’un silence contractuel. Les routes commerciales de la SLCS traversaient les mêmes corridors spatiaux que les convois de contrebande de Mammon. Le territoire s’organisa selon une logique d’optimisation plus que de territoire. Hex, trop étroite, trop surveillée, devenait un poids mort.

Pyro fut la révélation. Un système oublié, où les cartes sont brûlées et les lois dissoutes. Wolfgang y vit une toile vide, un terrain brut à façonner. L’évacuation de Grim Hex se fit en silence, les hangars vidés en moins de trois nuits standards. Les convois convergèrent vers Pyro, profitant de la désorganisation de ses multiples factions. Le quartier général fut établi sur Bloom, une structure orbitale bricolée à partir d’une station minière abandonnée. La première salle de conférence y fut construite dans un ancien silo à cargaison. On y parlait de colonisation, mais on comptait en tonnes de minerai et en secondes de réponse au combat.

C’est sur Aberdeen que la S.L.C.S. entra véritablement dans la sphère galactique. Une anomalie géologique avait révélé une série de filons rares sous la surface, trop riches pour être ignorés. Une coalition éphémère fut formée : la Mando’a, la Horizon et la FTC joignirent leurs forces à la S.L.C.S. Ce fut une opération monumentale. Des Hercules C2 transportaient du matériel, des Carrack déployaient des scanners, et les Hammerhead quadrillaient l’orbite. Pendant plusieurs jours, l’enfer jaune d’Aberdeen résonna au rythme des forages. Wolfgang ne parlait pas d’alliance, mais de synchronisation de besoins économiques. Chacun repartit avec sa part, mais la S.L.C.S. fut la seule à renforcer sa flotte dans les jours qui suivirent.

L’alliance avec la FTC et les Mando’a perdura, alimentée par une vision commune : ne pas dépendre des voies officielles, mais construire un pouvoir parallèle par le transport, la sécurisation et la colonisation. Des missions de cartographie furent lancées dans les zones externes de Pyro et Nyx. Des modules d’avant-poste furent déposés par des Odyssey dans des secteurs sans nom. Le silence de l’espace devenait le terrain vierge d’un futur rentable. Là où les autres cherchaient un foyer ou une cause, la S.L.C.S. bâtissait un inventaire.

Le recrutement devint une arme. Tandis que les autres corporations misaient sur la fidélité ou le mérite, Wolfgang proposait une chose plus simple : un plan de vol clair, des profits partagés, et une protection assurée par une force paramilitaire grandissante. La flotte se diversifia. Les vaisseaux lourds — Hull C, Kraken, Ironclad — s’entouraient désormais de cortèges de Buccaneers, de Paladins, de F7A en patrouille constante. Les missions de transport étaient appuyées par des groupes d’intervention rapide. Chaque cargaison avait sa propre doctrine tactique.