Dans les cendres, nous renaissons. Dans l’ombre, nous chassons. Quand la meute avance, la peur reste.
Par Aleskander Took, Roi des Cendres
Je ne me souviens plus du nom du système.
C’est souvent comme ça, quand on vous envoie mourir quelque part.
On efface les détails. On retient l’essentiel la chaleur, la poussière, et le goût métallique du sang dans la gorge.
On avait une mission. Un contrat.
Bryan Flogther. Ancien officier UEE, passé renégat.
Une cible prestigieuse, 50 millions d’UEC sur sa tête.
Assez pour disparaître. Assez pour mourir pour.
Le briefing était propre. Trop propre.
Rien dans les scans. Rien dans les comms.
On a plongé dans l’orbite comme des idiots confiants. Des soldats qui croient encore à l’honneur.
Mais Flogther n’était pas là.
À sa place, deux croiseurs Polaris.
Pas hostiles. Pas amicaux. Juste là.
Installés. Prêts.
Ils n’attendaient pas Flogther.
Ils nous attendaient, nous.
Aucune sommation. Aucun message.
Le premier tir a touché le flanc bâbord.
Le second a perforé le réacteur auxiliaire.
Le troisième, je ne l’ai pas entendu.
J’étais déjà en train de hurler des ordres, les mains brûlées sur la console tactique.
On a tenu ce qu’on a pu.
On n’avait pas le poids, pas la chance, pas le soutien.
Juste l’instinct. Et une seule décision possible : se battre jusqu’au bout.
Quand la coque a cédé, on a foncé vers le sol.
Non pas pour fuir. Pour emporter un des leurs avec nous.
Un dernier acte de mépris. Un dernier message : vous ne nous effacerez pas sans payer.
Je me suis réveillé dans un silence complet.
Plus de radio. Plus de lumière. Juste l’odeur du plastique fondu et des os calcinés.
Je n’ai pas crié. Il n’y avait plus personne à appeler.
On a rampé hors de l’épave comme des bêtes blessées.
Certains à moitié nus, couverts de sang.
D’autres encore en feu.
Et puis les missiles sont venus.
Trois.
Pas pour achever. Pour s’assurer qu’il ne resterait rien.
Mais on était encore là.
Debout.
Dans la poussière.
Dans le froid.
Dans ce vide absurde où il n’y a plus ni ennemi, ni mission, ni drapeau.
Juste la conscience nue, on a été sacrifiés.
Ce jour-là, dans ce cratère fumant,
on a compris que rien ne nous serait rendu.
Ni justice. Ni reconnaissance. Ni tombe.
Alors on a fait un choix.
Pas un vote. Pas un discours. Un regard.
Et ce regard disait, plus jamais.
C’est ce jour-là que nous sommes devenus les Ash Kopion.
Pas un nom.
Une mémoire.
Un serment.
Nous sommes ceux qui n’ont plus rien à perdre.
Nous sommes les Rois des Cendres.
Et nous avançons.
Toujours.
Nous ne servons aucun drapeau.
Nous ne cherchons pas la gloire, ni les honneurs, ni les promesses creuses des empires.
Nous sommes la structure dans le chaos.
La meute dans la tempête.
Nos actions sont froides, calculées, efficaces.
Nous frappons sans prévenir, nous extrayons sans relâche, nous protégeons les nôtres.
Ce que nous exigeons, loyauté, discipline, présence.
Ce que nous refusons, la trahison, le bruit, l’égo.
Nous ne recréons pas un monde meilleur.
Nous survivons au pire.
Ash Kopion n’est pas une organisation.
C’est un rappel.